La Tour Mandrin

Louis Mandrin,
• Contrebandier
• Né le 11 février 1725 à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs (Isère)
• Mort le 26 mai 1755 à Valence (Drôme)

Le nom de Louis Mandrin résonne toujours à Ambert puisqu’une tour d’escalier, située dans une maison de la place des Minimes, porte son nom, sans que l’on en connaisse la raison précise. Se définissant comme le « Capitaine général de contrebandiers de France », Mandrin a, au cours des années 1750, mené six campagnes de contrebande, en investissant des villes par surprise, accompagné par une troupe composée, au plus fort, de plusieurs centaines d’hommes.
L’Auvergne était devenue, au fil des siècles, une terre d’élection des contrebandiers. Un édit de 1418 avait exempté la région des aides ou impôts sur les boissons, en récompense des efforts consentis pendant les premiers conflits de la Guerre de Cent Ans. Par ailleurs, afin de compenser l’extrême lourdeur de la taille royale, la province avait été autorisée, en 1453, à se rédimer de la gabelle, le fameux impôt sur le sel. Celui-ci circulait donc en vente libre dans certaines contrées et attirait, avec le tabac, beaucoup de convoitises.

Des trois passages de Mandrin par Ambert, la ville a particulièrement retenu celui du 12 octobre 1754. Âgé de 29 ans, Louis Mandrin et environ 120 hommes, armés et à cheval, entrèrent dans la ville par la porte de Clermont. Comme à leur habitude, ils s’en prirent rapidement aux entreposeurs et débitants de tabac. Proférées de maison en maison, les menaces verbales et physiques de cette bande leur permirent de vendre, par la force et contre bon prix, leurs ballots de tabac. Toujours sous la contrainte, plusieurs établissements de la place du Marché (l’actuelle place de la Pompe) fournirent à boire et à manger aux hommes comme aux chevaux. Quant au maréchal-ferrant, il fut vertement invité à poser plusieurs fers neufs.

Les ventes de tabac, conclues parfois devant notaire et sans que les malfaiteurs ne soient jamais inquiétés, leur auraient permis de repartir en direction de Marsac avec la somme de 13.000 livres ! Ces scènes se reproduisirent dès le lendemain à Arlanc, puis à La Chaise-Dieu et au Puy-en-Velay. Mandrin et ses hommes poursuivirent leur approvisionnement en tabac dans plusieurs villes, libérant au passage les prisonniers enfermés pour conflit avec l’administration publique. Certains d’entre eux accompagnèrent Mandrin pour défendre sa cause et gonfler les rangs de ce qui devint un groupe armé conséquent.

Bandit pour les uns, Mandrin fut considéré comme un Robin des Bois par une partie du peuple puisqu’il lui permit d’accéder à certaines matières premières rares, chères, voire prohibées.

Traversant la frontière pour rentrer en Savoie – duché appartenant alors au Royaume de Sardaigne – Louis Mandrin signa, avec cette campagne de 24 jours, son coup d’éclat le plus marquant. Pourtant, ses aventures suivantes entre Jura, Lyonnais et Auvergne finirent par lui valoir la peine de mort : il fut exécuté à Valence en mai 1755. Pour autant, la disparition de Mandrin ne mit pas fin à la contrebande. Ceux que l’on nomma alors « les mandrins » repassèrent par le Livradois-Forez en 1762 puis 1768.


Sources :
– « Ambert – Deux mille ans d’histoire » – Michel Boy (1983 – Ouvrage édité par le Bureau d’aide sociale de la Commune d’Ambert, au profit de ses œuvres).
– « Chroniques historiques d’Ambert et de son arrondissement » N° 9 – GRAHLF (1987)
– « Chroniques historiques du Livradois-Forez » – N° 26 – GRAHLF (2004)

Documents aimablement fournis par le GRAHLF – Groupe de recherches archéologiques et historiques du Livradois-Forez