L’église Saint-Jean

• Construction : 1471-1551
• Style gothique flamboyant
• Orgue Merklin inauguré le 23 juillet 1879
• Clocher de style Renaissance, culminant à 55 mètres de hauteur

Le contexte historique au lancement de la construction

Au lendemain de la guerre de Cent ans, la France, mise à rude épreuve, se ressaisit rapidement. L’Auvergne participa à ce renouveau général, et bien sûr aussi le Livradois qui avait bénéficié d’ailleurs d’une paix relative, protégé par ses montagnes. Les bourgeois d’Ambert, enrichis par le commerce, favorisés par l’extension de l’imprimerie qui donna un nouvel essor à leurs moulins papetiers, décidèrent de remercier le Ciel qui avait répandu ses bénédictions sur leurs héritages et leur commerce.

Cette honnête aisance est au point de départ de l’extraordinaire aventure que devait être, pendant trois quarts de sicèle, la construction de l’église Saint-Jean d’Ambert.
L’assemblée des habitants se réunit un jour de 1470 et décida d’ouvrir le chantier duquel devait sortir l’une des plus belles églises gothiques du diocèse. On voyait loin alors et un factum préparatoire pour le consulat restitue le grandiose projet : « …quand ce temple sera en sa perfection, il deviendra le premier ou tout du moins le second de la province d’Auvergne, il y aura à l’intérieur, sur quatre rangées 32 colonnes de 60 pieds de haut, huit chapelles de chaque côté,… Six de ces colonnes, rangées en demi-cercle, formeront le sanctuaire… Il sera jeté sur l’église trois grands clochers… ». L’enthousiasme initial ne parvint pas à réaliser pleinement ce plan magnifique : ni les huit chapelles, ni les trois clochers trinitaires ne furent réalisés entièrement. Si le projet de départ fut rogné en chemin, c’est que l’on se heurta à de sérieuses difficultés financières, Ambert s’étant engagée seule dans cette aventure

Les grandes étapes du chantier

Le chantier fut ouvert le 9 avril 1471. En six ans, les fondations étaient à peine terminées et le portail sortait du sol aux jours mêmes du grand tremblement de terre de 1477. Le 7 août 1518 la voute était achevée : seules les tours restaient à construire. Mais dès 1498, le cœur fut consacré au culte et dès 1506 on se préoccupa de fixer les prérogatives de chaque corps à l’intérieur de l’église, ainsi que nous l’apprend un protocole de la Dame de Polignac, dame douairière et seigneur temporel d’Ambert.

Il semble qu’alors les travaux ralentirent sans doute en même temps que s’épuisèrent les finances. On amorça toutefois la tour Sud mais la légende veut que la Comtesse de Polignac ait, avec l’accord de la ville, versé au trésor royal les fonds destinés à l’achèvement de l’église afin de contribuer à payer la rançon des deux fils aînés de François 1er, François de France et Henri de France (futur Henri II), prisonniers en Espagne (1526-1530), interrompant ainsi définitivement les travaux.

Ces interruptions expliquent la succession des styles : si l’église proprement dite, à l’exception d’une chapelle, appartient au gothique flamboyant, le clocher est lui une œuvre de la Renaissance. Si la tradition est muette sur le nom des architectes, elle enseigne que la construction de l’église Saint-Jean fut dirigée par les moines de La Chaise-Dieu, expliquant cette proximité de style avec l’abbaye casadéenne.

C’est en 1538 que les consuls de la ville obtinrent de l’autorité ecclésiastique la permission d’ouvrir un jubilé général. Cette campagne, jointe à d’autres sans doute, permit d’achever le clocher en 1551, l’année où Guillaume Duprat, évêque de Clermont, vint consacrer l’édifice en grande pompe.

La tradition du héraut

Particularité de l’église Saint-Jean d’Ambert, unique en France : les vendredi et samedi saints, quand les cloches se taisent, un héraut – officier dont les fonctions étaient la transmission des messages, les proclamations solennelles – muni d’un long porte-voix, et que l’on appelle le cornaire, annonce les offices aux quatre coins de la terrasse du clocher en chantant un tercet du Stabat Mater.


Sources :
– « Ambert et son église – 1471-1971 » (éditions G. de Bussac – 1971)

Documents aimablement fournis par le GRAHLF – Groupe de recherches archéologiques et historiques du Livradois-Forez